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RÈGLES ET SANCTIONS, quelques repères, définitions et propositions

Si on se réfère à son origine étymologique, la sanction constitue un moyen pour permettre à celui ou à celle qui a transgressé une loi de la société des humains de pouvoir réintégrer le groupe dont il s’est exclu lui-même en transgressant. La sanction lui permet donc de récupérer cette partie " sacrée " que la transgression lui a fait perdre. Ce qui met en relation le " sanctionneur " et le sanctionné c’est la loi.

La règle n’est pas une fin en soi mais un moyen pour faire exister des valeurs, les règles permettent plus qu'elles n’interdisent (comme les règles d’un jeu de société). Les valeurs en question sont celles qui caractérisent les sociétés humaines (valeurs démocratiques, républicaines, de solidarité, de coopération...), elles ont comme point commun de s’opposer à une socialité fondée sur la domination-soumission qui peut se servir du langage mais qui n’en a point besoin pour s’établir, cette socialité pré-humaine est inscrite dans nos ressources comportementales de primates.

Pour accepter et rechercher la règle, il faut avoir adopté comme sienne la ou les valeurs qu’elle sert. Les valeurs doivent donc être explicitées (exemples : Déclaration d’Indépendance des États-Unis ou Déclaration des Droits de l’Homme) et pouvoir évoluer en se précisant, en particulier dans le champ de l’éducation et de l’enseignement. Il paraît nécessaire de faire apparaître de manière claire et précise les objectifs et les axes d’action prioritaires qui découlent de ces valeurs, Dans cette optique, le recours aux ressources du langage humain est indispensable pour pouvoir définir et inventer une perspective collective d’évolution. C’est aux acteurs de chaque champ professionnel que revient la responsabilité de traduire de manière pertinente les valeurs de la société. Le choix des règles s’en trouve considérablement simplifié et suscite alors des débats plus constructifs.

Dans le cadre de l’éducation et de l’enseignement, il paraît important de proposer aux membres d’un même établissement d’établir ensemble les valeurs ou les finalités de cet établissement. Ces valeurs explicites pourront ensuite être proposées aux parents d’élèves qui pourront, en connaissance de cause (cette fois-ci), choisir l’établissement qu’ils jugent le plus pertinent pour participer à l’éducation des comportements sociaux de leurs enfants.

La sanction n’appartient donc pas au registre de la punition. Dans ce second registre, il existe une relation duelle entre le "punisseur" et le puni. La punition n’est possible que si le premier domine et oblige le second à se soumettre. La référence à la loi humaine a disparu. Elle est remplacée par une loi infra-humaine: la loi du plus fort. La punition appartient au registre de la vengeance de l’individu ou du groupe. Il faut donc bien vérifier si la personne sanctionnée ne vit pas la sanction comme une vengeance même si pour le sanctionneur il est clair que les mesures prises visent une réparation permettant le retour du transgresseur dans la communauté des humains. La punition, en affaiblissant l’autre à travers la soumission qui lui est imposée, va entraîner à son tour le besoin de se venger. Ce besoin peut même être transmis volontairement ou non à ses enfants ou au groupe ethnique auquel le "puni" appartient. Les comportements ancestraux de domination-soumission sont ainsi réactivés et avec eux la violence et la régression psychologique et comportementale.

La distinction entre le registre de la sanction et celui de la punition se présente donc comme une condition nécessaire pour faire exister des communautés humaines où le règlement des conflits passe par l’explicitation, le débat respectueux des personnes et le recours exclusif au langage.

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